USA: Les responsables de la Fed “pas convaincus” que la politique monétaire soit suffisamment stricte
par Howard Schneider et Ann Saphir
WASHINGTON (Reuters) – Les responsables de la Réserve fédérale américaine (Fed) “ne sont pas convaincus” que les taux d’intérêt soient assez élevés pour lutter contre l’inflation, a déclaré jeudi le président de la banque centrale américaine, Jerome Powell.
La Fed “s’est engagée à atteindre une position (en matière de) politique monétaire suffisamment restrictive pour ramener l’inflation (vers l’objectif de) 2%”, a déclaré Jerome Powell. “Nous ne sommes pas convaincus d’être parvenus à atteindre cette position.”
“S’il convient de resserrer encore notre politique, nous n’hésiterons pas à le faire”, a dit Jerome Powell lors d’une conférence organisée par le Fonds monétaire international (FMI).
Le président de la Fed a toutefois ajouté que toute décision serait prise “avec prudence(…) nous permettant de faire face à la fois au risque d’être induit en erreur par quelques bons mois de données (économiques) et au risque d’un resserrement excessif. Nous prenons nos décisions de réunion en réunion.”
Jerome Powell a déclaré que le chemin a parcourir pour rétablir la stabilité des prix était encore long.
Si les remarques de Jerome Powell sur les perspectives à court terme de la Fed en matière de politique monétaire n’ont guère dépassé celles formulées après la dernière réunion de la banque centrale américaine, elles ont permis d’approfondir le point de vue du président de la Fed sur la manière dont la phase finale de la lutte contre l’inflation pourrait se dérouler.
Lors de sa réunion des 31 octobre et 1er novembre, la Fed a décidé de maintenir ses taux inchangés, dans une fourchette de 5,25%-5,50%.
Les progrès réalisés jusqu’à présent aux Etats-Unis en matière d’inflation ont été relativement peu coûteux en termes de pertes d’emplois ou de hausse du chômage.
Mais “il n’est pas certain que l’on puisse encore améliorer l’offre”, a déclaré Jerome Powell, ce qui pourrait marquer la fin de ces progrès relativement indolores en matière de réduction de l’inflation.
A l’avenir, “il se peut qu’une part plus importante des progrès réalisés en matière de réduction de l’inflation doive provenir d’une politique monétaire stricte limitant la croissance de la demande agrégée”, a -t-il dit.
La Fed pourrait, à plus long terme, être moins en mesure que par le passé d’ignorer les chocs d’offre provoquant l’augmentation persistante des prix, l’expérience de la pandémie ayant montré qu'”il peut être difficile de démêler les chocs d’offre des chocs de demande en temps réel, et également de déterminer la durée de persistance de l’un ou de l’autre”.
Cela pourrait signifier qu’à l’avenir, les décideurs politiques seront plus enclins à réagir aux augmentations de prix dues à l’offre qu’ils ne l’auraient fait autrement, étant donné la tendance à “considérer” de nombreux problèmes d’offre comme étant probablement de courte durée dans une économie dynamique, a dit Jerome Powell.
“Les chocs d’offre qui ont un effet persistant sur la production potentielle pourraient nécessiter une politique restrictive afin de mieux aligner la demande globale sur le niveau supprimé de l’offre globale”, a-t-il déclaré.
(Reportage Howard Schneider et Ann Saphir; version française Camille Raynaud)